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Approche, toi qui tends l’oreille, écoute, toi qui te poses un instant pour rêver ! … Écoute l’histoire de ce violon virtuose qui avait tout pour être heureux et vivait en paisible harmonie dans un royaume où tous et toutes ne vibraient que par et pour lui. 

Il était un instrument léger et élégant, puissant et fragile, que son père, le roi Viola-da-Spalla 1er, un énorme violon gros comme une pintade portant toujours des bretelles, et que sa mère la reine Lira-da-Braccio, princesse des Pouilles, appelèrent Violino.

(musique)

Violino eut une enfance heureuse, bien que studieuse, et ne manqua de rien. Doué en tout, il était d’humeur plutôt joyeuse, ne se faisant jamais prier pour reprendre un air ancien ou populaire au cours de dîners officiels, et ce pour le plus grand plaisir de ses aînés.

Hâbleur, sympathique et ayant une grande soif des autres, les murs du palais lui semblèrent rapidement trop oppressants et il ne se passait pas une semaine sans qu’il ne les escalade pour se perdre dans les méandres de la ville située en contrebas.

C’est ainsi qu’il se lia d’amitié avec nombre de ses contemporains, dont de jeunes partitions plutôt volantes avec lesquelles il passait des heures à chanter, à palabrer, à fredonner.

(musique)

Il devint très vite la coqueluche de sa génération; forçant l’admiration de toute la population. Son humeur et son chant mélodieux filaient dans tout le royaume et, si son père, le roi, ou sa mère, la reine, lui reprochait de n’être pas toujours à sa place, c’était plutôt par souci du protocole que par réelle fâcherie.

Séduire devint une seconde nature dont il usait, non par jeu pernicieux, mais par besoin de se surpasser et de faire tous les jours un peu mieux que la veille.

Sa réputation dépassa les limites du royaume si bien qu’un jour ou peut-être un soir, l’information arriva jusqu’aux oreilles de la Lune toujours en quête de quelques nouvelles aventures qui pourraient lui changer les idées.

(musique)

Les nuits de pleine lune, on fêtait dans le royaume tout un tas de floraisons, les sèves montantes ou descendantes des arbres; on célébrait aussi la germination des graines. Tout être ayant des origines végétales se devait de rendre hommage à ses lointains ancêtres.

Ce soir-là, la Lune se pencha plus qu’à son habitude éclaboussant de lumière les champs de blés et d’orge qui lui faisaient une abondante et éclatante chevelure dorée.

(musique)

Violino, ses amis ainsi que toute la population, impressionnés par l’exceptionnelle beauté de l’astre, allèrent de place en place partager leur joie et lui offrir leurs plus beaux chants. Ce n’est qu’au cœur de la nuit que Violino rentra épuisé dans ses appartements royaux, mais ne put s’empêcher d’aller saluer une dernière fois celle qui avait nourri leurs inspirations.

Goutte d’or

Comme une goutte d’or au fond de l’encrier,
Vous avez ébloui la nuit de mes esprits.
Guidant jusqu’à l’aurore mes notes inspirées,
Vous me trouvez ici épuisé et conquis.

Sèves montantes, sèves descendantes,
Lianes grimpantes,  fleurs odorantes,
À la lune éclatante, ce soir on chante.
Divine mère aimante nourricière et amante,
Nos fougues adolescentes jaillissent reconnaissantes.

Ce soir-là, la Lune, parait-il, lui sourit et dans tout le royaume on entendit la musique devenue intarissable du fougueux Violino. Malgré l’heure avancée, personne n’osa rien dire. Violino fouilla tous ses tiroirs et en sortit des années de partitions et de notes griffonnées sur des pages de cahiers.

Il s’écroula aux premières lueurs du jour et dormit comme une souche de bois mort jusqu’en fin d’après-midi.

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